Prévenir la reprise de poids grâce aux oméga-3

Le surpoids et l’obésité sont définis par l’OMS comme une accumulation anormale ou excessive de graisse qui nuit à la santé. Cette accumulation de graisse résulte d’un déséquilibre entre l’apport et la dépense calorique, découlant, entre autres, de mauvaises habitudes alimentaires et d’un mode de vie sédentaire. Mais l’obésité peut résulter de divers facteurs : génétiques, comportementaux, sociaux et accroît le risque de diabète, d’hypertension, de maladies cardiaques et même de cancers. Avec 17% des adultes français obèses (chiffre qui devrait encore augmenter d’ici 2030), l’obésité est un réel problème de santé publique qu’il est primordial de résoudre. L’intérêt porté au paramètre de l’alimentation dans la littérature scientifique a permis de démontrer que le risque d’obésité était lié à la quantité de matières grasses contenues dans l’alimentation (affectant la synthèse, le transport, le stockage ou encore le catabolisme de ces lipides) ; mais que la vigilance devait également porter sur les types de graisses consommés. Et si la qualité des graisses avait plus d’influence/d’impact que la quantité de graisses consommées ?

C’est ce qu’a étudié un groupe de chercheurs impliquant Valorex et Bleu-Blanc-Coeur en s’intéressant à la potentielle relation entre la qualité des acides gras polyinsaturés consommés et l’obésité (Legrand P et al, 2010). Leur volonté était, plus précisément, de savoir si un régime riche en oméga-3 permettait aux personnes obèses mises au régime de perdre davantage de poids. Bien qu’aucune incidence significative des oméga-3 sur la perte de poids n’a résulté de l’étude, une constatation intéressante a été observée après la fin de l’étude. En effet, le groupe ayant suivi un régime riche en oméga-3 n’a pas repris de poids à la suite de l’étude (150 jours après), contrairement à l’autre groupe.

Mais, que sont les acides gras polyinsaturés ?

S’il est communément établi que les acides gras saturés doivent être consommés de manière raisonnée, les acides gras insaturés et en particulier, les polyinsaturés, ne sont pas toujours bien connus.

Les acides gras polyinsaturés constituent une catégorie de lipides qui comporte les oméga-6 et les oméga-3. Ces acides gras sont tous deux à apporter impérativement par l’alimentation car l’organisme ne sait pas les fabriquer.

  • L’acide linoléique (LA), contenu dans les huiles végétales de tournesol, de chanvre ou de noix, est le précurseur d’autres acides de la famille des oméga-6 (acide arachidonique, acide y-linolénique, etc) : à partir de cet acide, d’autres peuvent être fabriqués par l’organisme.
  • L’acide alpha-linolénique (ALA) est contenu en majorité dans les végétaux tels que le lin, le soja ou les noix et est lui le précurseur de la famille des acides gras oméga-3. L’acide eicosapentaénoïque (EPA) et l’acide docosahexaénoïque (DHA) en sont ses principaux dérivés. Néanmoins, cette conversion est faible. C’est pourquoi il est recommandé de consommer des poissons gras (saumon, sardine, maquereau, etc) et des fruits de mer, riches en EPA et DHA (en plus des produits contenant de l’ALA).

Les propriétés de ces familles diffèrent. Alors que les oméga-6 stimulent le développement du tissu adipeux, les oméga-3 peuvent agir contre les mécanismes de l’obésité en influençant le métabolisme des lipides ainsi qu’en ayant la capacité d’atténuer l’inflammation du tissu adipeux. Pourtant, l’évolution des habitudes alimentaires a eu pour conséquences l’augmentation de la consommation d’acides gras oméga-6, présents en quantités importantes dans les huiles végétales, beaucoup utilisées dans les aliments transformés (huile de tournesol, soja, maïs, etc). Le ratio entre les oméga-6 et les oméga-3 est d’ailleurs actuellement d’environ 15/1, alors le rapport préconisé est de 5/1, ou moins.

Quel régime pour prouver l’impact du ratio oméga-6/oméga-3

Les chercheurs de l’étude en question (Legrand et al, 2010) ont émis l’hypothèse qu’un régime avec une importante quantité d’oméga-3 permettrait aux personnes obèses de perdre plus de poids. Pour en faire l’étude, ils ont regroupé un échantillon de 137 volontaires obèses. Deux groupes ont été constitués afin de leur faire suivre deux régimes différents pour perdre du poids, contenant la même quantité de lipides mais de natures différentes.

  • Le groupe expérimental était soumis à un régime avec un bon ratio oméga-6/oméga-3 grâce à la consommation farines de lin et de produits d’origine animale ayant l’appellation Bleu-Blanc-Coeur* en raison, entre autres, de la consommation de lin par ces animaux.

*Les produits Bleu-Blanc-Coeur répondent à un cahier des ressources qui leur assure une qualité nutritionnelle mais aussi environnementale.

  • Le groupe témoin, était soumis à un régime plus classique, sans produits Bleu-Blanc-Coeur et dans lequel le ratio oméga-6/oméga-3 était mauvais.

Les deux groupes avaient, de plus, la consigne de ne pas consommer de poissons ni de fruits de mer, en raison de leur richesse en EPA et en DHA (oméga-3). Ce paramètre appuie la volonté des chercheurs de démontrer l’impact de l’introduction d’omega-3 provenant uniquement de farines de lin introduites dans l’alimentation animale sur la santé humaine.

Le rôle des oméga-3 dans la prévention de la reprise de poids

Les résultats de l’étude se sont avérés être très intéressants en deux points :

  • La quantité d’oméga-3 contenue dans les membranes des globules rouges

En effet, la quantité d’oméga-3 dans les membranes des globules rouges du groupe expérimental a connu une augmentation significative (la teneur en acides gras oméga-3 des globules rouges est considérée comme un marqueur tissulaire de la composition en acides gras de l’alimentation). De plus, les taux d’EPA et de DHA, oméga-3 dérivés de l’ALA contenu dans la farine de lin donnée aux animaux ayant servis à l’étude, ont été maintenus et ce, malgré une conversion d’ALA en EPA et en DHA très limitée dans l’organisme (0,5% pour le DHA) et en l’absence de consommation de poissons et de fruits de mer.

L’intérêt d’introduire des farines de lin dans l’alimentation animale et/ou humaine apparaît donc nettement.

Graphique quantité d'oméga 3 dans les membranes des globules rouges du groupe expérimental
  • L’évolution des paramètres anthropométriques (poids, IMC, tour de taille) après l’expérience

Par ailleurs, les paramètres anthropométriques mesurés (le poids, l’IMC, le tour de hanches) ayant baissé de manière équivalente pour tous les participants pendant l’étude, ont finalement évolué différemment après l’expérience. Environ 5 mois a posteriori de l’étude (150 jours après), le groupe témoin a connu une prise de poids, une augmentation de l’IMC ainsi que du tour de hanches significatifs ; contrairement au groupe expérimental. Les oméga-3 ont donc, d’après cette constatation, un réel rôle à jouer dans la prévention d’une reprise de poids chez les personnes obèses.

Graphique évolution des paramètres anthropométriques

Les résultats relatifs aux taux d’oméga-3 dans les membranes des globules rouges mais surtout ceux relatifs aux paramètres anthropométriques de cette étude ont donc permis de déceler un rôle novateur des oméga-3 dans l’inhibition de la reprise de poids ou du moins, sa prévention. Il est par ailleurs important de comprendre que plus qu’un rôle propre aux oméga-3, ce phénomène relève surtout de l’amélioration du ratio oméga-6/oméga-3 (en réduisant l’apport en oméga-6, bien souvent excessif, ou en augmentant l’apport en oméga-3). Ces acides gras sont en effet transformés par une seule et même enzyme dans l’organisme et sont donc en compétition. Un apport excessif d’oméga-6 fait prévaloir leur transformation et donc leur disponibilité, au détriment de celles des oméga-3. La consommation d’oméga-6 est tout de même nécessaire mais leurs propriétés adipogènes (qui favorisent la production de tissu graisseux) expliquent le besoin de la limiter.

L’importance de cet équilibre est de plus renforcée par le fait que le régime dans lequel le ratio oméga-6/oméga-3 était bas (c’est-à-dire bon) contenait par ailleurs une part non négligeable d’acides gras saturés (types de lipides à limiter) et a tout de même engendré une perte de poids significative sans aucune différence notable entre le cholestérol des participants (total, HDL, LDL). Ceci démontre la priorité du bon ratio entre les acides gras polyinsaturés oméga-6 et oméga-3. La quantité d’acides gras saturés serait alors secondaire dans la détermination de la prise de poids.

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